RDC : "Congo Hold-up" révèle un système de corruption sans précédent
L'enquête "Congo Hold-up" menée par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et le site Mediapart révèle l'ampleur du système de détournement de fonds publics mis en place par le clan Kabila en République démocratique du Congo (RDC). Selon cette enquête, au moins 138 millions de dollars ont été détournés par l'ancien président Joseph Kabila et son entourage.
Ces révélations ont suscité des réactions contrastées au sein de la population congolaise. D'un côté, une grande partie de la population est scandalisée et désabusée, estimant que la corruption est très répandue et que les autorités elles-mêmes y sont impliquées. De l'autre côté, les partisans de Joseph Kabila crient au complot occidental et impérialiste.
Cette enquête est inédite par son ampleur et la véracité des faits et éléments prouvés. Elle permet de retracer avec précision le parcours des millions détournés et de démontrer comment ces fonds ont été utilisés. Il s'agit donc de la plus grande base de données sur la corruption en Afrique.
Pensez-vous que la lutte contre la corruption en RDC doit être une priorité pour le gouvernement ?
Cependant, malgré ces révélations, la réaction des autorités congolaises et de la justice est pour le moment insuffisante. Aucune poursuite judiciaire n'a été engagée, et cela pose question sur leur volonté réelle de lutter contre la corruption. La libération conditionnelle de certaines personnalités politiques impliquées dans des scandales de corruption, comme Vital Kamerhe et l'ancien ministre de la Santé Eteni Longondo, renforce les doutes quant à l'indépendance de la justice congolaise.
Ces révélations mettent en lumière le caractère endémique de la corruption en RDC. La corruption est présente à tous les niveaux de la société congolaise, y compris au sein de l'administration publique. Elle se manifeste notamment à travers des pratiques de corruption de la part des agents de la circulation routière qui extorquent de l'argent à la population.
Face à ce fléau, les lanceurs d'alerte en RDC font face à de nombreux dangers et pressions. Deux lanceurs d'alerte dans l'affaire de la banque Afriland First Bank CD, Gradi Koko Lobanga et Navy Malela, sont condamnés à mort par un tribunal congolais et ont dû se réfugier en exil.
La situation en RDC est préoccupante, avec des niveaux élevés de corruption et des réactions insuffisantes des autorités et de la justice. Pour sortir de cette spirale de corruption, il est essentiel que des actes concrets soient menés pour lutter contre ce fléau et que la justice soit véritablement indépendante.
