Le désir féminin et son attrait pour les tueurs en série
Une question fascinante se pose sur le désir des femmes pour les tueurs en série. Qu'est-ce qui les motive ? Sont-elles des personnes fragiles ? Pour répondre à ces interrogations troublantes, nous nous sommes entretenus avec Hélène, auteure du livre 'Il n'est pas celui que vous croyez : ces femmes amoureuses de tueurs en série'.
Dans son enquête, Hélène révèle que ce sujet l'a frappée lorsqu'elle préparait une émission télévisée. Elle a rapidement réalisé que cette fascination pour les tueurs en série ne se limitait pas aux États-Unis, mais qu'elle existait également en Europe et en France depuis longtemps.
Le désir féminin et sa puissance
Pensez-vous que le désir des femmes pour les tueurs en série est principalement motivé par le désir féminin de sublimer ces hommes ?
Le désir féminin occupe une place centrale dans cette fascination. Les femmes croient en la puissance de leur désir, pensant qu'il peut transformer un homme 'mauvais' en un partenaire idéal. Elles espèrent montrer au monde que leur amour peut effacer les crimes commis par ces hommes et révéler une facette différente d'eux.
Un désir qui surpasse les actes criminels
Certaines femmes cherchent peut-être à se frotter au mal, mais ce n'est pas la composante essentielle de cette fascination. Selon Hélène, le désir féminin est tellement puissant qu'il est capable de balayer les actes criminels de ces hommes et de les remplacer par une image plus positive.
Valérie Benaïm, auteure du livre "Il n'est pas celui que vous croyez", décrypte également l'attrait de certaines femmes pour les tueurs en série. Selon elle, ces femmes partagent une volonté, chevillée au corps, de prouver qu'il existe une nuance entre l'homme et les crimes qu'il commet.
Faut-il y voir une fascination pour le mal ? Pas uniquement, selon Valérie Benaïm. "Il y a, dans tout ce qui va constituer les couches de l'attrait, une composante qui sera celle de se frotter au mal, de danser au bord du précipice, du frisson. Mais je ne crois pas que ce soit la composante la plus évidente". Pour la journaliste et animatrice de télévision, tout repose essentiellement sur "le désir féminin". "Ce désir est traversé par plein de choses, mais il est tellement puissant, en tout cas celui-ci, que les femmes imaginent que leur désir est sublimateur".
Valérie Benaïm affirme que ce désir est capable de "transformer le plomb en or, de transformer le mauvais garçon en homme quasiment idéal. Un désir tellement puissant qu'il va tout balayer sur son passage". Ces femmes sont désireuses d'explorer l'autre facette de ces hommes aux mains pleines de sang et sont convaincues que "cette autre facette va venir écraser l'image, ce qu'il a fait pour se superposer et prendre le pas".
L'ouvrage de Valérie Benaïm, disponible en librairies depuis le 14 février dernier, est sorti quasiment un mois jour pour jour après l'annonce de la paternité de Nordahl Lelandais, condamné à la perpétuité pour le meurtre de la petite Maelys, 8 ans, et à 20 ans de prison pour avoir tué le caporal Arthur Noyer. Cette nouvelle a choqué l'opinion publique et suscité la curiosité vis-à-vis de ces femmes qui s'éprennent de criminels multirécidivistes.
Sur le plan scientifique, cette attirance porte le nom d’hybristophilie. "Le point commun de ces personnes est qu'elles évoluent dans un cadre normé, mais elles assimilent le plaisir à la transgression des règles. Commencer une relation avec un homme qui a osé passer outre les normes est une manière d'assouvir leurs désirs. Elles omettent totalement la part monstrueuse du criminel", explique la psychologue Marjorie Sueur.
