Dans l'ombre de l'intelligence artificielle : les petites mains du clic en Inde
Il y a un an, en novembre 2022, le monde découvrait Chat GPT, un système d'intelligence artificielle permettant à n'importe qui de disserter savamment sur Clovis ou sur la culture de la mangue en zone intertropicale. Mais avant que ce système puisse fonctionner, il doit être nourri de milliards de données. Et c'est en Inde, dans des centres géants, que cette tâche est accomplie. Un reportage étonnant de Marion Lawamen, K. Sa-jouned et A. Cachegille.
Des milliers de petites mains nourrissent les algorithmes
Dans l'ombre de ces intelligences artificielles telles que les assistants vocaux, les voitures autonomes, la reconnaissance faciale ou encore Chat GPT, se trouvent des milliers de petites mains qui nourrissent leurs algorithmes. La plupart se trouvent en Inde, où ils sont regroupés dans des entreprises spécialisées dans l'annotation de données.
Pensez-vous que l'annotation de données en Inde offre de nouvelles opportunités économiques pour les jeunes diplômés ?
Les annotateurs de données, des maillons essentiels dans le processus d'intelligence artificielle
Dans une entreprise de la capitale indienne, 1500 employés sont ce qu'on appelle les annotateurs de données. Leur rôle est de traiter des centaines d'images en détournant des milliers de grenades avec précision. Grâce à leur travail, les ingénieurs peuvent développer une intelligence artificielle capable de reconnaître et de récolter les grenades mûres.
Mais l'annotation de données ne se limite pas aux fruits. Des photos de champs de trafic routier, de l'imagerie médicale et d'autres types de documents sont également traités. Certains annotateurs s'occupent même de fichiers audio, comme les transcriptions de discours. Leur travail permet d'améliorer les systèmes de génération automatique de sous-titres.
L'Inde, le pays de prédilection pour l'annotation de données
La notation de données est la première étape dans la création d'un système d'intelligence artificielle performant. Pour être efficace, il faut un maximum de données, d'où la nécessité d'une armée d'annotateurs. C'est pourquoi ce service est délocalisé dans des pays comme l'Inde, où la main-d'œuvre est moins chère. La plupart des annotateurs sont des étudiants qui effectuent des micro-missions rémunérées quelques centimes. Ce travail leur permet de subvenir à leurs besoins et de payer leurs frais de scolarité. En effet, ils peuvent gagner environ 100€ par mois, soit plus que la majorité de la population indienne.
Une opportunité économique pour les jeunes en Inde
La notation de données a également créé de nouvelles opportunités économiques en Inde. De nombreux jeunes diplômés peuvent maintenant trouver un emploi dans ce secteur, sans avoir à quitter leur ville natale. Une startup fondée par un ancien annotateur indépendant compte aujourd'hui plus de 600 employés. Le marché de l'annotation de données est en plein essor en Inde et devrait doubler d'ici 2028, employant ainsi un million de personnes.
