Les inventions de Léonard de Vinci : Fantaisiste ou génie ?

Auteur: Stéphane | Publié: 05 Février 2024, 15:00
Les inventions de Léonard de Vinci : Fantaisiste ou génie ?

Léonard de Vinci est-il vraiment un génie ?

Mes chers camarades, bien le bonjour ! On n’a ni gardé les cochons, ni été en classe ensemble… et pourtant, je sais un truc qui est certain sur votre passé à l’école, que ça soit en France, en Belgique au Canada, en primaire ou au lycée, qu’importe ! Vos profs vous ont forcément fait cours sur Léonard de Vinci.

Alors, pourquoi ? Eh bien, peut-être pour se simplifier la vie ! En effet, la Renaissance a compté une foule d’artistes, de peintres, de sculpteurs, d'architectes et d'inventeurs de génie. Mais Léonard, sans être le meilleur dans chaque catégorie, il avait un atout : il les a toutes essayées. Donc, en un seul nom, en une seule vie, votre maître ou maîtresse pouvait vous faire comprendre presque toooute la Renaissance. Mais moi, je vais poser quand même qui question qui dérange : est-ce que Léonard était particulièrement bon ? Ou est-ce que dans chaque domaine, c’était l’éternel second, le touche-à-tout qui n'approfondit pas, et ne finit jamais son travail ? Eh bien pour le savoir, on va creuser un aspect de sa vie : ses inventions. Avec l’aide et l’expertise de Dassault Systèmes, l'éditeur de logiciels de modélisation et de simulation qui nous a aidé pour cet épisode, on va voir si ses machines marchaient vraiment, s’il était un bon ingénieur… ou plutôt un fantaisiste, qui s’imaginait des trucs techniquement irréalisables !

Bien sûr, on va d’abord par un petit point sur sa vie. Léonard est né le 15 avril 1452, à 3h du matin dans un petit village de Toscane, à Vinci. C’est le fils d’un jeune notaire et d’une paysanne : né hors des lois du mariage, c’est donc un bâtard aux yeux de la société, et on peut l’oublier. D’ailleurs, c’est ce que fait son père l'année même de sa naissance, en épousant une autre femme, une jeune fille de 16 ans, bien dotée et issue de la bourgeoisie. Mais, pas de chance pour lui, cette dernière est stérile. Du coup son père, qui a besoin d’un descendant, fait rappeler son bâtard : à l'âge de 5 ans, le petit Léonard est privé de sa vraie maman, pour aller vivre dans sa famille paternelle, jusqu'à l'âge de 17 ans. Ces chocs affectifs expliquent peut-être son attachement à la nature, et à tout ce qui est durable, et ne passe pas. Léonard se sent différent, il se sent autre. Il développe une certaine sensibilité artistique. D’ailleurs, Freud a tenté d’analyser tout ça en écrivant son livre, 'Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci'. Peut-être que son inconscient expliquerait l'inachèvement de ses œuvres, ou encore le délaissement de la peinture au profit de sa passion pour les inventions ? Enfin, ça c’est ce qu’il dit hein, parce que Freud, c'est pas vraiment une science exacte…

Il se trouve que Léonard De Vinci a écrit tout au long de sa vie, y compris sur des choses aussi personnelles que son plus lointain souvenir. Je le cite : 'Je me souviens qu'étant encore au berceau, un milan fondit sur moi, m'ouvrit la bouche avec la queue. [...] Tel était mon destin'. Et ce mot est important : le destin. L’artiste est persuadé que le sien sera exceptionnel, et il poursuit, ouvrez les guillemets : 'Moi, Lionardo, un jour je connaîtrai toutes choses et saurai maîtriser tous les arts qui ouvrent à l'homme les voies des grands secrets de l'Univers !' Rien que ça ! Et de fait, il faut se souvenir que Léonard, c'est un autodidacte, à qui il manque une éducation classique, et qui a acquis son savoir de façon empirique, grâce à son sens de l'observation inné. Dans chaque domaine, son approche n’est donc pas du tout conventionnelle. Par exemple, en vrai anatomiste, il commence par la pratique de la dissection, mais ne se lance dans le latin, les grands philosophes et leurs doctrines, qu’à seulement 30 ans passés ! C’est hyper tard, et comme il le dit lui-même : 'je ne suis pas lettré' ! Ses ennemis tentent donc de faire passer son ignorance des Lettres pour de l’ignorance tout court, qui l’empêche de toute façon de bien s’exprimer. Et il leur répond, encore une fois ouvrez les guillemets : 'mes sujets [...] requièrent l'expérience plus que la parole d'autrui. Et l'expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse'. On a donc affaire à un vrai esprit scientifique, qui aime tenter des trucs, faire des expériences concrètes. Trouver des lois rigoureuses, vraiment présentes dans l’homme et dans la nature, ça, c'est la clef. Parce que, une fois qu’on comprend une loi, eh bien on peut la dominer à l’aide d’une invention technique.

Vers 1466-1468, il est placé à Florence dans l'atelier du sculpteur et peintre Andrea di Francesco di Cione, connu sous le nom de Verrochio. Pendant la Renaissance, sous l'impulsion des Médicis, la ville de Florence se transforme. Elle est remplie de machines, de grues, de treuils que le jeune Léonard, apprenti peintre, observe et dessine. Il développe ainsi un goût certain pour les machines dont il étudie le fonctionnement et surtout la démarche scientifique : il scrute, il expérimente, et il déduit. En 1482, il offre ses services au duc de Milan, Ludovico Sforza, comme peintre, sculpteur, musicien, mais aussi ingénieur civil et militaire. Il intègre alors le groupe des 'Ingénieurs de la chambre ducale', et il revient à Florence en 1503, où il commence la rédaction d'un recueil d'annotations de mathématiques et de physique.

En 1506-1507, il quitte l’Italie pour entrer au service du roi de France Louis XII, encore une fois comme peintre, mais aussi ingénieur militaire. En 1516, le roi de France François Ier, le nomme 'premier peintre, ingénieur et architecte du roi', et le dote d'une pension de 1 000 écus d'or par an. Finalement, Léonard meurt en 1519, et il est inhumé à Amboise.

Léonard était célèbre comme peintre, sauf que cette carrière accentue sa dépendance financière et le fait entrer dans le jeu politique de ses mécènes. Pour mieux sortir de ce système, il voulait au contraire être davantage reconnu comme ingénieur, comme architecte et scientifique ! D’ailleurs, la concurrence des jeunes artistes comme Michel-Ange, ou Raphaël, va le pousser en ce sens. Parmi ses plus célèbres inventions, figurent donc des armes futuristes comme la mitrailleuse et le char d'assaut, ou encore le parachute, le scaphandre, la bicyclette, la calculatrice et l'automobile, autant de choses qui seront vraiment utilisées au 19e et au 20e siècles ! Du coup, alors que la période de la Renaissance semble obsédée par l'Antiquité, on a souvent l’image d’un Léonard de Vinci au contraire tourné vers le futur. Il serait un génie de la science, un symbole de toute la Renaissance, 'l'Uomo universale', l’Humain universel, qui change la place de l'homme dans la société.

Et ça laisse des traces dans l’Histoire : au 18e siècle, le mathématicien et physicien Venturi révèle cette facette méconnue de Léonard en établissant une liste des inventions réelles ou supposées de l’ingénieur toscan. Son 'Codex Atlanticus', soit 1 119 pages de notes écrites en miroir, de droite à gauche, de recueil de dessins et de croquis scientifiques et techniques, est alors dans la bibliothèque ambrosienne de Milan. Mais lors de la campagne d'Italie de 1796, beaucoup d’ouvrages sont réquisitionnés par les troupes françaises et transférés à Paris. Conservé à la Bibliothèque Nationale jusqu'à la chute de Napoléon en 1815, le Codex est restitué à Milan. Contrairement à d’autres manuscrits, qui restent à l'Institut de France, où ils sont conservés sous le nom de 'Manuscrits de l'Institut'.

Au 19e siècle, le Codex Atlanticus est édité. En devenant enfin accessible, ce recueil de dessins et de notes fait vraiment l’effet d’une bombe ! Il va fasciner beaucoup d'ingénieurs, qui sont nombreux à avoir la même idée : et si on comparait les travaux imaginaires de Léonard, et les vrais objets techniques, qui ont bel et bien été inventés dans le monde moderne ? Ça tombe bien, en 1808 Napoléon avait créé des facultés dépendantes de l'État. À partir de la IIIe République, les Grandes Écoles prestigieuses se multiplient pour former les cadres. Léonard devient alors une référence pour les ingénieurs du corps des Mines qui souhaitent valoriser l'excellence scientifique de la profession, concurrencée par la poussée des facultés des sciences. La présentation des travaux de Léonard de Vinci à l'Académie des Sciences participe alors à intégrer Léonard à la généalogie de l'histoire des sciences. En récupérant cette figure prestigieuse, les ingénieurs en font la souche de leur profession.

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Du coup on peut le dire : l'engouement pour les 'inventions' de Léonard de Vinci reposait un petit peu sur la fabrication d'un mythe. Et en plus de ça, il y avait un enjeu identitaire national, parce que les ingénieurs français étaient en quête de légitimité.

Les machines de Léonard de Vinci marchaient-elles vraiment ?

Alors, tout ça c'est bien beau, mais ça nous dit toujours pas si c’est du flan ! En fait, beaucoup d’inventions de Léonard n’ont jamais pu être fabriquées de son vivant, parfois parce que les matériaux nécessaires à leur réalisation n'existaient même pas à l'époque ! On avait pas des alliages, de kevlar, de fibres de verres et autres plastiques, qui ont des critères de solidité, de légèreté, d'élasticité suffisants. Donc oui, le mec faisait ses calculs théoriques, mais sans savoir si on trouverait un jour la matière nécessaire, ni même si ça marcherait réellement. Obligé de développer ses idées uniquement sur le papier, il a une approche très particulière, avec une touche plutôt 'artistique'. En fait, l’art rejoint, et même se mélange, à l’invention. Et bien souvent, Léonard reprend même des inventions d’autrui, auxquelles il ajoute justement sa fameuse petite 'touche esthétique personnelle'. Du coup, on peut légitimement se demander si… tout ça ça fonctionne !

Alors au Clos Lucé, la dernière demeure de Léonard de Vinci qui se trouve à Amboise, ils ont eu la bonne idée d’en faire des maquettes. Mais est-ce qu’on ne peut pas aller plus loin que ça ? On va faire un petit tour sur les lieux !

Les inventions de Léonard de Vinci en action

D’abord, le char d’assaut. En 1482, Léonard se présente à la cour du duc de Milan, Ludovic Sforza, et propose de construire des véhicules blindés inattaquables. Je le cite : 'Je ferai des chars couverts, sûrs et inattaquables, et qui entreront dans l'ennemi avec leur artillerie. Il n'y a pas une si grande [armée] qu'on ne puisse briser ainsi. Et derrière ces chars, l'infanterie pourra suivre sans dommage et sans entrave.' Considéré comme le prototype du tank, ce char d'assaut présente la forme d'un cône inspiré de la carapace de la tortue d'Hermann, surmonté par une tourelle. L'extérieur est en bois, mais blindé par du métal, et des canons sont intégrés dans son pourtour. Initialement, Léonard avait imaginé placer des chevaux à l'intérieur pour faire avancer le char, mais il a eu peur que le confinement dans un espace clos ne les affole. 8 hommes peuvent donc entrer à l'intérieur et avoir une vue sur le champ de bataille à partir de meurtrières. Pour se déplacer, ils actionnent un engrenage relié à quatre roues.

On peut citer aussi la vis aérienne, ou l'hélice volante, que beaucoup de gens comparent, un peu abusivement, à un hélicoptère. Léonard se passionne pour l'ingénierie hydraulique et les travaux.



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