Les agriculteurs en colère : pourquoi menacent-ils de bloquer la France ?

La colère des agriculteurs se manifeste en France

Depuis plusieurs jours, les agriculteurs français expriment leur mécontentement à travers des blocages d'autoroute et des manifestations. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), premier syndicat agricole français, a d'ores et déjà annoncé qu'elle mènerait des actions tout au long de la semaine, voire plus longtemps. Mais comment expliquer cette colère ? À quoi faut-il s'attendre ? Et quelle est la réponse du gouvernement ?

Des blocages sur les autoroutes et des actions dans tout le Sud-Ouest

Depuis jeudi soir dernier, des dizaines d'agriculteurs bloquent l'autoroute A64 qui relie Toulouse à Bayonne au niveau de Carbonne, en Haute-Garonne. De même, ce lundi, l'autoroute A62 était également coupée dans les deux sens sur une portion. Plus largement, de nombreuses actions sont menées un peu partout dans le sud-ouest de la France. La FNSEA a prévu une série d'actions qui devraient durer toute la semaine, voire plus, dont la perturbation de la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture à partir du 24 février à Paris.

Les revendications des agriculteurs

Les agriculteurs protestent principalement contre la hausse des charges qui pèsent sur eux. En effet, les coûts de production augmentent, notamment avec l'augmentation du prix du gazole non routier, qui est un carburant destiné aux agriculteurs. Par ailleurs, ils dénoncent une hausse des marges de la part des industriels et des distributeurs, qui mettent les agriculteurs en difficulté. Les agriculteurs demandent donc que les prix de vente de leurs produits soient suffisamment élevés pour couvrir leurs coûts de production et réclament de meilleures négociations avec les grands industriels et les grandes surfaces sur les normes environnementales.

Des normes environnementales et des concurrences étrangères

Les agriculteurs protestent également contre certaines normes environnementales imposées par l'Union européenne, comme l'interdiction de certains pesticides. Certains estiment que ces pesticides sont nécessaires pour leurs cultures. Par ailleurs, ils dénoncent la concurrence des produits issus de pays comme l'Ukraine, qui ne sont pas soumis aux mêmes normes. Enfin, cette colère s'inscrit dans un contexte où un projet de loi sur l'agriculture, promis il y a plus d'un an par Emmanuel Macron, est reporté à plusieurs reprises.

La situation vue par le gouvernement

Face à cette colère, le gouvernement a annoncé un report du projet de loi agriculture, qui devait être présenté ce mercredi. Il a également multiplié les déclarations de soutien aux agriculteurs. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué qu'il n'était pas prévu d'évacuer les autoroutes bloquées pour l'instant. Le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué une simplification de certaines normes qui découragent les agriculteurs. Cependant, les mesures déjà prises sont jugées insuffisantes par certains. La situation des agriculteurs français est complexe et la question du modèle agricole est un enjeu majeur pour l'avenir. Les élections européennes qui se tiendront en juin seront l'occasion de débattre de ces questions, notamment de la politique agricole commune de l'Union européenne.