Le langage dangereux de Trump et les mots qui font peur

Auteur: Stéphane | Publié: 30 Décembre 2023, 20:00
Le langage dangereux de Trump et les mots qui font peur

Le retour inquiétant du langage hitlérien

Dans une récente interview, Olivier Mani, traducteur d'ouvrages sur le nazisme, met en garde contre les dangers du langage politique actuel. Il souligne la montée de l'extrême droite en France et le conflit en Israël comme des signes alarmants d'une société qui triche et tend vers un état autoritaire.

Mani explique que les mots jouent un rôle crucial dans la manipulation des masses et la création d'un climat de tension. Il cite l'exemple du président américain Donald Trump, qui a repris un terme allemand utilisé par les nazis pour désigner l'éradication des Juifs. Cette utilisation du langage hitlérien est extrêmement préoccupante, car elle montre le mépris de Trump pour les valeurs démocratiques et son intention de s'accrocher au pouvoir à tout prix.

La montée de l'extrême droite en Europe

Outre le cas de Trump, Mani souligne également la montée de l'extrême droite en Europe, en particulier aux Pays-Bas. Il met en garde contre les discours anti-immigrants et nationalistes qui remettent en question les valeurs démocratiques et la cohésion sociale.

Mani considère que la montée de l'extrémisme religieux est un facteur préoccupant dans ces mouvements politiques. Il souligne que la religion est utilisée comme un outil de manipulation et de justification de discours violents et meurtriers. Il appelle à une prise de conscience de la dangerosité de ces discours et à une vigilance accrue dans le choix des mots utilisés dans le débat public.

Pensez-vous que l'utilisation du langage hitlérien dans la politique actuelle est préoccupante ?


2 votes

Le travail des médias dans la diffusion de discours extrémistes

Mani pointe également du doigt le rôle des médias dans la diffusion de discours extrémistes. Il dénonce le manque de rigueur et de déontologie dans le traitement de l'information, qui conduit à une confusion des mots et à une manipulation de l'opinion publique.

Il appelle les médias à une prise de responsabilité dans la lutte contre la montée de l'extrémisme en choisissant avec soin les mots utilisés et en évitant la stigmatisation de certains groupes.

Le politiquement correct : un bien pour un mal ?

Né dans les années 1960, le politiquement correct avait pour but, à l’origine, de policer le langage afin d’éviter d’offenser les minorités, qu’elles soient ethniques, sexuelles ou religieuses. Aujourd’hui, il est souvent perçu comme une arme idéologique au service de la bien-pensance.

Le politiquement correct est un concept désormais largement dévoyé et, le plus souvent, jeté à la figure de son adversaire politique en guise d’anathème. Qui se targuerait, de nos jours, de tenir un discours politiquement correct? Cela reviendrait à s’avouer adepte de la pensée unique! Ce glissement sémantique ne doit pourtant pas masquer les acquis qu’a permis ce contrôle social du langage, notamment en faveur des minorités.

  • Le politiquement correct est servi à toutes les sauces. Quelle définition en donneriez-vous?
  • Pascal Wagner-Egger: Pour moi, le politiquement correct implique de prêter attention aux termes que l’on utilise, dans les domaines politiques et médiatiques essentiellement, et de ne pas employer des mots qui déprécient un groupe ou une minorité.
  • Nicolas Hayoz: C’est juste. Le problème, c’est que dès l’apparition de ces précautions langagières, émanation de la gauche, apparaît un mouvement contraire issu de la droite, puis de l’extrême-droite. Pour ces dernières, le politiquement correct n’est autre que de la censure pure. Beaucoup de partis populistes ont gagné des voix en s’insurgeant là-contre.

Le politiquement correct n’a-t-il pas toujours existé, sauf qu’on ne le nommait pas ainsi? On parlait de politesse et de bienséance.

  • Pascal Wagner-Egger: Dans le politiquement correct, on insiste sur les égards à avoir envers les minorités. Le phénomène correspond aussi à une élévation des normes de la tolérance dans la société. On est devenu plus sensible aujourd’hui, notamment face aux discriminations.
  • Nicolas Hayoz: Le politiquement correct exige que l’on prête attention au genre que l’on utilise, à l’écrit et à l’oral. Nous sommes tenus de nous montrer «inclusifs».

Le rôle des médias dans la diffusion de discours extrémistes

Les journalistes s’interdisent parfois de mentionner la nationalité d’un auteur d’un délit. Un excès du politiquement correct selon vous?

Pascal Wagner-Egger: De prime abord, on pourrait le considérer comme un excès. Cependant des recherches en psychologie ont démontré qu’indiquer la nationalité des auteurs de délit conforte les lecteurs dans leurs préjugés. Ceux-ci vont se souvenir quand l’auteur du délit est étranger, mais vont avoir tendance à l’oublier quand l’auteur est suisse. C’est un biais cognitif très connu.

Nicolas Hayoz, n’est-ce pas juger les lecteurs inaptes au discernement?

Nicolas Hayoz: Le risque existe de travestir la réalité. Prenons l’exemple du scandale des harcèlements sexuels du Nouvel An 2016, en Allemagne. Il y a eu une rétention initiale des informations. Les médias et les politiques ne voulaient pas divulguer la nationalité des auteurs. Il faut pourtant nommer les choses. Le mutisme sur certains sujets tabous est responsable de la montée des extrémismes, notamment en Allemagne et aux Etats-Unis. Chez nous, la démocratie directe permet de libérer la parole, avec les excès que l’on connaît parfois, mais de là naît le débat. Aux citoyens ensuite de se forger une opinion.

Le politiquement correct au service d'une idéologie?

Des sujets sont devenus tabous: n’est-il pas politiquement incorrect de critiquer la politique d’Israël ou de se montrer critique envers l’islam?

Pascal Wagner-Egger: A nouveau, ce n’est pas qu’un problème du politiquement correct. Il y a là un sentiment communautariste très fort qui prévaut, notamment en France. Les réseaux sociaux s’emballent au moindre soubresaut entre Israéliens et Palestiniens.

Le politiquement correct est-il au service d’une idéologie, essentiellement de gauche?

Pascal Wagner-Egger: Il s’agit d’une éthique humaniste, issue des idéaux de mai 68, donc plutôt de gauche. Ce n’est pas un problème en soi, à moins qu’on parvienne aux excès évoqués précédemment.

Nicolas Hayoz: A mon sens, le discours politiquement correct est aujourd’hui entièrement dominé par la droite dure et extrémiste. C’est grave. Donald Trump, par exemple, en maniant la langue de bois, remet en cause tous les acquis, le mariage homosexuel ou le droit à l’avortement. C’est une attaque en règle contre les minorités.

Conclusion

Au final, le politiquement correct a permis des avancées importantes en termes de respect des minorités et de tolérance. Cependant, il peut parfois être utilisé de manière excessive et censurer la liberté d'expression. Il est donc essentiel de trouver un équilibre et de favoriser un débat démocratique qui respecte les opinions de chacun. Les médias ont également un rôle clé à jouer en évitant la stigmatisation et en choisissant soigneusement les mots utilisés. L'objectif est de promouvoir une société inclusive et respectueuse de la diversité.



Commentaires

  Commenter

Commentaires


Commenter




Inscrivez-vous à notre newsletter

Ok!

Ce site Web utilise des cookies pour vous garantir la meilleure expérience