Le Débarquement en Normandie : une bataille historique à travers les témoignages

Auteur: Sandrine | Publié: 31 Mai 2024, 04:00
Le Débarquement en Normandie : une bataille historique à travers les témoignages

Le 6 juin 1944 : un débarquement inoubliable

Mes chers camarades, bien le bonjour, et bienvenue ici en Normandie, sur l'une des plages du Débarquement, parce qu'il y en a eu plusieurs, qui ont accueilli l’une des opérations militaires les plus célèbres de notre Histoire !

Forcément, on pense tout de suite à Omaha Beach, à 'Il faut sauver le soldat Ryan', aux parachutistes américains de Sainte-Mère-Église… Mais les Américains sont loin d'être les seuls à avoir débarqué ici !

Le jour J, c’est près de 156 000 soldats qui débarquent sur les plages. Les Américains en fournissent 59 000, les Anglais 73 000, les Canadiens 21 000. Ici sur Sword Beach, juste en face de Caen, ce sont des soldats britanniques qui sont passés à l’offensive, accompagnés de 177 commandos français. Et c’est justement Caen la Mer qui nous a invité à faire un tour du pays, à retracer l’histoire de ces combats extrêmement durs sur la plage le 6 juin, puis tout le long de l’Orne, jusqu’à la libération définitive de la ville de Caen, le 19 juillet.

Ce que je vous propose, c'est de revivre ces longs jours de courage et de ténacité, en découvrant quelques portraits assez uniques, de personnalités civiles ou militaires, qui ont eu des rôles inattendus, ou en tout cas méconnus, durant cette bataille.

Le joueur de cornemuse de Sword Beach

Le 6 juin 1944, lorsque les Alliés débarquent en Normandie, ils ont divisé le secteur de débarquement en 5 plages : Utah, Omaha, Gold, Juno, et la plus à l'est : Sword Beach. C'est là qu'à l'aube du 6 juin, la 3e division d'infanterie britannique débarque pour libérer la France. Et comme toujours avec nos voisins d'outre-Manche, ils ne peuvent rien faire comme tout le monde : lorsque les barges s'ouvrent devant les gueules d’acier des mitrailleuses ennemies, on voit sortir… un joueur de cornemuse !

Sidérés, les Allemands auraient arrêté de tirer pendant un instant. Avancer sur le front au son de la cornemuse, ok en 1815, mais en 1944, là non ! On doit cette idée absurde au commandant de la 1ère brigade, Lord Lovat. Certes, le haut-commandement anglais a fait interdire cette tradition. Mais Lovat explique à son musicien, je cite : “C'est un ordre anglais. Je suis écossais, vous êtes écossais. Cela ne nous concerne donc pas.” Et voilà comment le jeune Bill Millin, joueur de cornemuse de 21 ans, se retrouve à avancer au milieu des balles et des explosions tout en jouant Highland Laddie, comme à la parade. Plus incroyable encore, Lord Lovat le fait avancer en tête des troupes, afin que tout le monde sache que les Britanniques arrivent !

Et ils ne sont pas les seuls : à Sword Beach, on retrouve toutes les nations, comme par exemple le seul navire norvégien de l’opération, le destroyer Svenner, ce qui veut dire “compagnon”. Et il a bien joué son rôle, soutenant l’assaut depuis la mer… avant d’être coulé. C’est l’unique bateau à être coulé par la marine allemande ce jour-là !

Et puis surtout, on peut aller à la rencontre d’un troisième brave, le commandant Philippe Kieffer, et son commando de 177 fusiliers marins français. Impatients de libérer leur pays et de montrer l'exemple, ils ont demandé à être les premiers à avancer vers l'ennemi sitôt débarqués. Un honneur que les Anglais leur ont accordé. Les Français traversent donc la plage sous le feu, atteignant rapidement les premières maisons côtières de Ouistreham, face à Sword Beach. Ils s'engagent donc dans les rues qui se trouvent derrière moi, et des civils français, dont on a oublié le nom, viennent à leur rencontre. Et il y en a un qui se dit : 'Mais, c'est quand même incroyable, les Britanniques, ils ont tellement bien préparé leur coup que tous les soldats qui débarquent, ils parlent un français impeccable, sans accent !' On lui révèle alors la vraie identité des Français, et aussitôt un autre civil, vétéran de la Première Guerre mondiale, se précipite : il veut donner tous les renseignements possibles sur les positions ennemies, avec tant d’enthousiasme, qu’il faut un peu le calmer… À bientôt 60 ans, à peine habillé et sans armes, il est tellement motivé qu'il veut partir à l'assaut avec les hommes de Kieffer ! Mais les Allemands, bien retranchés dans le casino, font tirer les mitrailleuses et les canons sur les fusiliers marins. Qu'à cela ne tienne : l'un d'entre eux, Philippe Kieffer, retourne sur Sword Beach en courant, demande aux Britanniques s'il peut leur 'emprunter' un char et son équipage, et perché dessus, il les guide jusqu'au casino de Ouistreham. En quelques bons coups de canon, les ennemis sont définitivement calmés, et l’avance peut reprendre… En tout cas, jusqu’à la prochaine surprise !

Les surprises du terrain

C'est assez difficile de louper cet énorme bunker de 17 mètres de haut, et pourtant à l’époque, il n'apparait sur aucune photo aérienne, et n'a été identifié sur aucun rapport de la Résistance. Si bien que lorsque les combattants de Sword Beach arrivent ici, ils se retrouvent confrontés à cette défense massive, alors qu'elle était même pas censée être ici ! Mais les Britanniques se disent : 'Bon, on va contourner ce gros machin. Et puis on verra plus tard.' Isolé au milieu des lignes britanniques, incapable de faire quoi que ce soit, le bunker ne sert donc strictement à rien. C’est seulement au bout de 3 jours, le 9 juin, que 4 soldats britanniques font sauter la porte, juste pour voir. À l’intérieur, 53 soldats allemands inactifs, qui se rendent sans résister à leurs 4 assaillants… Un joli score ! Surtout que cet édifice n’est pas qu’un poste de tir et d’observation, mais aussi l'un des centres de commandement du Mur de l'Atlantique ! Aujourd'hui, c’est un musée qui vous plonge dans le quotidien du côté allemand, faisant découvrir ce qu'était la vie dans l'un de ces forts en béton chargés d'empêcher un débarquement.

Quiz

Quelle est l'une des plages du Débarquement mentionnées dans l'article ?


Qui a eu l'idée d'envoyer un joueur de cornemuse lors du débarquement en Normandie ?


Quel est l'édifice qui s'est avéré être l'un des centres de commandement du Mur de l'Atlantique ?


Note

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D’ailleurs, n'imaginez pas que toutes les défenses atlantiques tombaient aussi facilement ! Prenons le site Hillman par exemple à Colleville-Montgomery, situé à 4 ou 5 kilomètres du centre de Ouistreham : il compte 17 refuges souterrains bétonnés, pour une garnison de plus de 150 hommes, et en plus de ça, son lot de canons et d’armes automatiques. Les troupes britanniques du 1er bataillon du Suffolk Regiment chargées de s'emparer du site, vont y rencontrer une très, très forte résistance, et bien qu'encerclés, attaqués et bombardés, les Allemands retranchés tiendront toute une journée entière, ce qui a pas mal ralenti les Alliés.

La bataille de Caen : entre obstacles et bombardements

Et ralentir c’est risqué, car toutes ces troupes ont une série d’objectifs, dont un qui urge pas mal : rallier un autre camarade de combat, John Howard. C’est ici, au pont de Bénouville, qu'on appelle aussi le Pegasus Bridge, qu’il se bat depuis la veille au soir ! Ses hommes de la 6ème division aéroportée britannique ont formé une tête de pont, en se posant au beau milieu de la nuit, en planeur, à proximité de ce pont qui permet de contrôler l’Orne, et donc la route vers Caen. Isolés derrière les lignes ennemies, une fois l’ouvrage capturé, il leur a fallu tenir pendant de nombreuses heures… Alors imaginez la joie et le soulagement du major Howard quand il entend résonner au loin la cornemuse du jeune Bill Millin ! Voilà enfin les copains qui arrivent ! Le moral repart à la hausse, la tradition prévaut, et comme autrefois, les troupes isolées se rallient au son de la musique des Highlands ! Et lorsque Bill Millin rejoint les parachutistes, il ne s'arrête pas là : non, Lord Lovat lui demande de continuer à avancer, et de franchir les ponts malgré les tireurs ennemis encore présents. Ce que notre musicien va faire… et il n’a même pas été abattu ! Alors, vous vous demanderez comment c’est possible ? Eh bien on a posé la question à un prisonnier allemand qui se battait sur place ce jour-là, et il a tout simplement répondu : 'On ne tire pas sur un fou !'

Pour la petite anecdote, la première maison libérée de France se trouve juste à côté de Pegasus Bridge : c'est le Café Gondrée. Les Britanniques continueront à y venir longtemps après la guerre, puisque la tradition veut qu'on offre le champagne à tous les vétérans qui y passent, en remerciement d’avoir libéré Caen !

D’ailleurs, sur le papier, le plan est de quitter assez rapidement cette position solide, pour que la ville tombe le jour même, dès le soir du 6 juin. Mais si jusque ici les choses se sont plutôt bien passées, eh bien à partir de maintenant, la pratique va pas mal différer de la théorie ! Profitant du fait que les Alliés soient gênés dans leur progression par des points de résistance, les Allemands se réorganisent. Leurs unités blindées se rassemblent, et forment une solide ligne de défense. Du 7 au 15 juin 1944, les attaques répétées contre ces blindés échouent. Le général anglais Montgomery se rend à l'évidence : l'effet de surprise ne suffit plus, la remontée de l’Orne s’annonce difficile. Pour s'emparer de Caen, il faut oublier l’assaut frontal, et contourner les forces ennemies pour les encercler. C'est l'opération Epsom, lancée le 25 juin. Seulement, les Allemands ne comptent pas se laisser faire si facilement. Leurs unités SS se battent farouchement. Fanatisées à mort, elles savent qu’elles tiennent le plus grand rempart du Reich. Elles sont prêtes à tout, même à exécuter froidement des prisonniers, comme ce fut le cas pour une vingtaine de Canadiens à l'Abbaye d'Ardenne. Les combats sont violents, et si les Britanniques parviennent à avancer, c’est au prix de sérieuses pertes, et sans atteindre leurs objectifs fixés par l’état major !

Nous voilà déjà au 1er juillet, toujours sur un pont de l’Orne, mais cette fois-ci en plein cœur de la ville de Caen, et l'offensive dans le pays alentour est officiellement terminée. Et pourtant, Caen est toujours aux mains des Allemands ! On va pas se le cacher, leurs troupes sont épuisées, leurs chars endommagés. Les Britanniques poursuivent donc leurs assauts, mais avec une nouvelle arme : puisque le temps le permet, ils décident de bombarder les positions allemandes avec tout ce qu'ils peuvent. Le 7 juillet 1944, 460 bombardiers de la RAF larguent plus de 2 500 tonnes de bombes sur les positions ennemies en ville. Les obus ravagent à la fois les rangs des défenseurs, et une partie de la ville. On déplore plusieurs centaines de civils français tués, sans compter tous les blessés et les familles qui se retrouvent à la rue. Pour échapper aux combats, certains Caennais trouvent donc refuge dans les carrières et glacières toutes proches, qui de nos jours sont régulièrement ouvertes à la visite. 10 000 d'entre eux s'installeront dans l'abbaye aux hommes, l'actuelle mairie qui était alors un lycée. Ils formeront d'énormes croix rouge avec des draps sur le toit de l'abbaye pour se signaler aux bombardiers anglais. Après ce déluge infernal, les troupes alliées lancent un ultime assaut, entrant enfin dans Caen, le 9 juillet. Par rapport au 6 juin, on a donc un bon mois de retard sur le plan d’invasion… surtout que là, mauvaise surprise ! Tous les ponts ont été coupés, les Alliés ont donc la rive gauche, soit l’essentiel de la ville, mais les Allemands tiennent toujours la rive droite ! Malgré tout, la libération s’organise : on nomme un nouveau préfet du Calvados, et pas n’importe qui : Pierre Daure, physicien et recteur de l’Université de Caen, avait été révoqué en 1941 pour avoir refusé de collaborer. Il va retrousser ses manches pour rebâtir la ville, et notamment sa chère université ! Mais malgré ce parfum de fête, on est encore dans une étrange situation où



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