La lutte des classes dans le capitalisme américain

Auteur: Stéphanie | Publié: 18 Janvier 2024, 01:00
La lutte des classes dans le capitalisme américain

Capitalisme : les ultra-riches contre l'humanité

Comment devient-on riche ? Comment vivent-ils ? Ce sont des questions que vous vous posez. Alors cette vidéo est pour vous. Nos dirigeants écarquillent les yeux devant les nouveaux prophètes : Elon Musk, Bill Gates, Jeff Bezos ou je ne sais quel footballeur. Ils sont leurs héros, on les regarde coloniser l'espace avec leurs egos. On croit à la réussite de ces capitalistes exemplaires qui prouvent que tout est possible à qui saisit une opportunité. C'est compte de fait que beaucoup se récitent avant de s'endormir le soir. Tous ces petits enfants qui se demandaient d'après Lesas Salamé si Carlos Ghosn était bien dans la malle. Leur évasion fascine absolument le monde entier. Pour beaucoup d'enfants, vous êtes l'homme qui a voyagé dans la malle. Oui, vous avez vraiment voyagé dans la Mle, la Mle pas la Mle. Allez, un petit indice. Tout le monde rêve de savoir ça. Parfois, une affaire éclate, cela porte le nom d'une lignée ou d'un pays. Des leaks de toutes parts, des fuites que l'on s'empresse d'oublier pour renouer avec nos mirages. On imagine un milieu doré proustien, des maisons à la Donon Abey, raffinées et discrètes, des secrets qui feront parfois la Une de Paris Match ou de Time Magazine, parce que c'est plus joli que la moustache des Dwi Plinel. Non, non, mais il n'y a pas de mal. Dans ce 3e numéro de Doc Dog Doc, pour Blast, je vais vous raconter l'histoire de ces gens dont la richesse ne sort pas de nul part. On va contempler un monument de cynisme, une part d'ombre de notre humanité. L'immoralité, la corruption, les mensonges et la trahison règnent en maître. Un amour, gloire et beauté sous mescaline. Si à la fin vous voulez vous transformer en Che Guevara et faire la révolution, ne réglez pas votre écran, c'est normal. Alors bienvenue dans le monde merveilleux du capitalisme. La lutte des classes existe et les riches sont en train de gagner. C'est pas moi qui le dis, c'est l'un des leurs, Warren Buffett. C'est ainsi que commence la série documentaire consacrée au capitalisme américain de Cédric Tourbier. Sur Hare, sur cette victoire reconnue comme une évidence, cette indécence assumée d'Elon Musk ou Jeff Bezos qui s'arrange pour payer moins d'impôt que leur secrétaire. À quand cette figure du millionnaire américain remonte-t-elle ? Avant, la fortune était de droit divin. Noble, on héritait du titre et de la richesse, comme on héritait d'un trône. À la fin du 19e siècle, les privilégiés du Nouveau Monde voulaient recréer le lustre de l'aristocratie européenne. Ce raffinement luxueux qui confine à l'indécence quand des gens crèvent dehors. Ce côté hermétique au monde, cette violence sociale indifférente et assumée sera une constante. Aucune guillotine n'a été autorisée à la storia, ce soir ironise un participant. Pourtant, il y a au moins 50 Marie-Antoinette. Le plus connu d'entre eux est sans doute John D. Rockefeller à Cleveland. Il a fait fortune dans le pétrole où il a acquis une quasi-situation de monopole par la Standard Oil. Cette figure constitue l'archétype de sa condition, l'idéal à atteindre, le rêve américain philanthrope en même temps qu'à la tête d'une énorme fortune. Il sera béni d'une très longue vie et entrera jusqu'au discours de Ronald Reagan dans les années 80 comme le représentant d'un âge d'or, d'un temps de l'innocence. Andrew Carnegie était quant à lui à la tête d'un empire d'acier à Pittsburgh. J.P. Morgan possédait la banque, la marine et le charbon. Tout ce petit monde s'appropriait littéralement la matière première de tout ce qui fera la révolution industrielle. Tout passait par eux, le pouvoir ne sera qu'une caisse d'enregistrement de leur volonté toute puissante. Le Sénat sera à leur disposition, bien souvent ils achètent un siège, ils cadenassent le système pour servir leurs intérêts communs. Encore un millionnaire au Sénat, Monsieur Price n'avait jamais fait de politique jusqu'à ce qu'une place se libère. Il a alors acheté cette place comme il l'aurait fait d'une loge à l'Opéra, d'un yacht ou d'un quelconque luxe dont il a les moyens. New York Times, 17 janvier 1890. Toute forme d'impôt au nom de la libre entreprise, tout droit du travail, tout syndicalisme et toute sécurité sociale. Il crée des monopoles pour augmenter les prix et les profits. Ce sont de merveilleux êtres humains, conscients que le faire au grand jour causerait des désordres. Ils se font un alibi et s'achètent une bonne conscience. Ils seront philanthropes. La philanthropie devient leur sport national. Le but étant d'être celui qui donne le plus. Les journaux publient annuellement le classement des donateurs, un classement dans lequel il est hors de question de ne pas figurer. Ils fondent des fondations pour aider les pauvres, ils sont contre la guerre et les maladies. Tout ça, et surtout ça, leur permettra de payer encore moins d'impôt et de se refaire une virginité. Alors que l'inégalité sociale qu'ils prônent tacitement rappelle les pires pages du Germinal de Zola, à la première manif et au premier remue-ménage, on connaît la réaction de ces gens bien élevés et de ces bons philanthropes sans nombre. D'une hésitation, Andrew Carnegie fait tirer sur les ouvriers de son aciérie de Pittsburgh pour empêcher la formation d'un syndicat. Alors que 15 ouvriers ont trouvé la mort, le philanthrope soutient qu'il n'a fait que défendre sa propriété privée. Ils font tirer sur la foule pour préserver leurs biens, comme ce fut le cas lors de la Grande Dépression et la crise de 1929. Quand les riches paniquent, ils montrent leur vrai visage. Il affirme publiquement qu'il ne voit rien de mal à tirer sur des syndicalistes et ça tire les foudres unanimes de la presse, sincèrement surpris. Rockefeller multiplie alors les dépenses philanthropiques pour tenter de détourner l'attention. Ils veulent créer des dynasties qui perdurent. Ils arrangent des mariages de fortune, comme jadis des mariages de sang. Ils élèvent des villes entières à leur propre gloire. New York prend son visage moderne, avec sur le fronton de ses gratte-ciels tous les noms forcément plus gros les uns que les autres, les glorieux patronymes qui les ont financés. En tant qu'hier, il fourvoie le concept de liberté en le confondant avec libertarisme et dérégulation absolue. Dès 1916, Morgan junior et son consortium ont déjà prêté aux Alliés plus d'un demi-milliard de dollars. Le financier réalise alors qu'une défaite militaire des Alliés entraînerait leur défaut de paiement. Ni lui, ni l'industrie américaine ne pourraient s'en relever avant longtemps. Le Président Wilson, qui s'est fait réélire en 1916 en promettant de rester neutre, sait que l'Amérique a déjà le doigt dans un engrenage fatal. En avril 1917, les États-Unis se résignent à déclarer la guerre à l'Allemagne. On livre la guerre à l'Allemagne à contre-cœur à la victoire, on opère un retour en arrière social. Pour que le système fonctionne, il faut que les riches le demeurent. Dans leur infinie bonté, ils feront ruisseler leur bonne fortune sur le reste de la société. Cette bien belle théorie du ruissellement inventé dans la première moitié du 20e siècle et que l'on nous ressert régulièrement sans rire pendant 10 ans. Andrew Mellon va massivement baisser les impôts des plus riches et des grosses entreprises. Une politique qu'il justifie par la trickle theory, connue en français comme l'effet de ruissellement. Il faut laisser les riches s'enrichir le plus possible et leur fortune finira par ruisseler sur toute la société. Il y eut une exception toutefois, ce fut le président Franklin Roosevelt. Pourtant issu des milieux favorisés, il voulut, le bougre, assainir les milieux financiers et soigner l'Amérique. Ainsi que partager équitablement les profits et conclure des accords salariaux. C'est un fou, le mec. Il a favorisé les programmes publics pour relancer les grands secteurs économiques. On imagine bien les crises d'apoplexie. Roosevelt promet d'assainir les milieux financiers unanimement détestés depuis le crack boursier. Mais sa priorité est de soigner les souffrances de l'Amérique. Ces gens n'ont jamais eu à s'expliquer, à se justifier ou à montrer patte blanche. Ce système, ils ont contribué à le concevoir à leur service. Leur demander de rendre des comptes, comme Roosevelt le fait, est inconcevable. Ils en sont durablement sidérés et échaudés. Les membres de la Liberty League multiplient les pamphlets et les émissions de radio pour dénoncer le danger, selon eux mortel, qu'encourt la liberté en Amérique. Roosevelt réplique en affirmant qu'il n'y a pas de liberté lorsque les gens meurent de faim et que le seul vrai défenseur de la liberté, c'est lui. Il faut réimposer le capitalisme de toute urgence. Les élites sont de plus en plus débordées par leur base. Il faut recréer du récit, du rêve et de la mythologie pour que le peuple se tienne sage. On crée l'Association nationale des industriels qui se liguent pour qu'on leur foute la paix et qu'on continue d'entretenir leurs rêves à eux. Dans un pays qui se tient sage, idolâtrant les mêmes vieilles icônes, on vend du rêve à la manière d'une séance d'hypnose collective. Les visages changent, le temps passe, mais le fond reste le même. On vend du mirage, on vend du miracle, du self-made-man pour masquer la dérégulation. On veut rendre sa grandeur à l'Amérique à nouveau, même si elle est un hôtel élevé à la cupidité et à sa course en avant. Toujours plus fort, toujours plus haut. Et une nouvelle ruée vers l'or, entraînée par une puissance de calcul nouvelle, qui va doubler tous les 2 ans. Gordon Moore, en effet, prédit que la capacité de calcul des microprocesseurs doublerait tous les 2 ans. Mettons qu'un micro-processeur effectue en 1975 1 000 opérations à la seconde. 6 ans plus tard, en 1981, il devrait, selon la prophétie, en effectuer 8 000. Et c'est exactement ce qui s'est produit. Steve Jobs et ces pirates de la Silicon Valley ne sont qu'une version modernisée des mêmes vieilles pulsions, une absence de limite et de morale toujours aussi patente. On ne fait que relooker le mythe du génie providentiel. Le garage où ils construisent le premier Mac résonne au loin de la création de Hewlett-Packard en 1939. Selon la légende, la Silicon Valley serait née précisément en 1939, dans ce petit garage, le premier du genre, situé au cœur du comté de Santa Clara. Où a été créée la société Hewlett-Packard par Bill Hewlett et David Packard, deux ingénieurs diplômés de Stanford. Qui travaillent sur un oscillateur de haute précision. Le business et la recherche se confondent. On glorifie des Léonard de Vinci de la méthode de management abusive, on a relooké la vieille statue du Commandeur pour entamer un nouveau récit. Maintenant, le capitaliste est en jean et a l'air d'un geek ou d'un gourou New Age dirigeant une start-up. Le fond reste le même. Avec la révolution conservatrice de Ronald Reagan dans les années 80, c'est le retour des baisses d'impôts, on réalise le rêve des vieux républicains et des économistes libéraux. C'est la magie du marché sans intervention fédérale. La dérégulation de Wall Street, les nouveaux millionnaires sabrent le champagne comme dans les années 20. Les produits hyper-spéculatifs interdits depuis un demi-siècle sont de nouveau autorisés. Les cours de bourse battent des records. La fortune personnelle de Warren Buffett, investisseur millionnaire, a été multipliée par 6 en seulement 2 ans. Nietzsche en philosophie a inventé le concept de l'éternel retour. Il est illustré brillamment ici. Les égos se déchaînent et tout recommence. Bill Gates pose en génie philanthrope, comme Rockefeller jadis. Jeff Bezos, comme ses glorieux prédécesseurs, connaît une croissance spectaculaire sans faire de bénéfice. On encourage la compétition de tous contre tous pour que de l'élite surgissent des figures de proue. Les fondateurs de Google aspirent les données de tous pour mieux contrôler les comportements des foules, occupées à scruter l'écran de leurs iPhones pendant que les gros bonnets voient grossir leur fortune. En 30 ans, la richesse moyenne des Américains a augmenté de 20%, quant à celle des 1% les plus riches, elle a augmenté de 6 000%. Au terme de cette série sur le capitalisme, je trouve confirmation que les riches à tout prix veulent garder leur argent. Ils feront tout pour ça, ne rien redistribuer. Il est vertigineux de constater que le système capitaliste est entièrement pensé pour ça. Ce n'est pas un documentaire militant, il est même assez factuel et pédagogique. Mais il n'a pas besoin de slogan outrancier pour scandaliser. Ce qui me frappe, dans le même temps, ce sont ces gens qui vivent dans des tours d'ivoire, un peu à l'écart du monde, et qui ne peuvent se fier à quasiment personne. J'aimerais entrer dans le secret de leur conscience, dans leur intimité, pour voir comment ils s'arrangent avec tout.

Pensez-vous que le capitalisme et l'accumulation de richesse excessive sont des problèmes pour l'humanité ?


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