La face cachée de Bakou : un bidonville scandaleux à deux pas du mini-Dubaï

Auteur: Sandrine | Publié: 07 Novembre 2023, 17:00
La face cachée de Bakou : un bidonville scandaleux à deux pas du mini-Dubaï

La désolation cachée à Bakou

Pour s'en rendre compte, il suffit de s'éloigner un peu du centre ville de Bakou. À quelques minutes seulement, des gratte-ciels flamboyants et des boutiques de luxe, des habitations en ruine. La désolation et le délabrement. Ce bidonville, construit juste aux abords de cette voie de chemin de fer, s'étend sur plusieurs kilomètres. Une vision de l'Azerbaïdjan que les autorités n'aiment pas montrer.

Ici, des familles survivent dans des conditions inhumaines. Comme ce couple de retraités. À eux 2, ils touchent une toute petite pension. À peine 170 € par mois. Le couple habite cette minuscule maison qu'ils ont achetée il y a des années. Une seule pièce d'environ 15 mètres carrés, sans salle de bain ni toilettes, seulement chauffée avec ce poêle à bois. - Regardez dans le frigo, il n'y a rien. Quelques bocaux que je garde depuis des mois et des confitures. C'est tout. Rien d'autre. Tous les 2, 3 mois, on arrive à acheter un peu de viande, mais on ne peut pas se permettre d'en manger plus. On n'arrive pas non plus à payer la facture d'électricité. Pour le gaz, on paye 5 € pour 10 jours et quand on ne paye pas, ils viennent réclamer de l'argent. À qui dois je me plaindre ? Au président. Il ne voit pas comment on vit, lui ? Ils veulent quoi ? Qu'on meure. Le gaz, c'est une entreprise de l'Etat. Ils nous réclament de l'argent. Comment je peux lui en donner alors que je n'ai rien du tout ? Regarde la misère dans laquelle on vit.

Officiellement, seuls 5 % de la population vivrait comme ce couple, sous le seuil de pauvreté, avec seulement quelques euros par jour. Mais selon certaines ONG, ils seraient bien plus nombreux. Et évidemment, le pays a tendance à cacher cette misère.

Cet immeuble, qui appartient à l'Etat, en est le parfait exemple. Comme il se trouve sur la route de l'aéroport, empruntée par les touristes, sa façade côté rue, a été refaite tout récemment. Mais quand on fait le tour, on se croirait revenu 100 ans en arrière. 300 familles vivent ici dans une très grande précarité. Seule Nayla a accepté de nous faire visiter son logement. - Les gens ont peur de parler. Je les comprends. Mais moi, je m'en fiche. J'ai tout perdu et je n'ai plus peur de personne. Cette infirmière à la retraite, habite ici depuis 20 ans avec son fils, sa belle-fille et leurs 2 enfants. À 5, ils s'entassent dans ce 2 pièces d'une trentaine de mètres carrés. - Regardez dans quelles conditions on vit. On a nos affaires là-haut et nos matelas ici. Mais on ne peut rien en faire. On n'a pas de place. Des fois, on achète des choses, mais on ne peut pas les utiliser. Si on a des invités, on ne peut rien sortir car il faudrait tout descendre. Pour la cuisine, il faut se rendre dans le couloir. Nayla et les autres habitants se partagent des réchauds d'un autre âge, qu'ils ont eux-mêmes bricolés.

C'est un chauffe-eau. Il n'y a pas d'eau chaude, il n'y a que de l'eau froide. Du coup, nous avons dû l'installer nous-mêmes. Le pire, ce sont les sanitaires, totalement insalubres. - À cet étage, il y a 20 familles qui habitent, mais on n'a qu'un seul toilette et tous les matins il y a la queue. Et je ne parle même pas de l'odeur. Ça pue, c'est infect. Regardez, c'est dégoûtant, regardez ça. Regardez le plafond qui s'effondre un peu plus chaque jour. Nous, on sait comment se protéger, mais les enfants, c'est extrêmement dangereux. Ils pourraient s'électrocuter. Ce sont des conditions de vie inhumaines. Regardez, pour chauffer l'eau, c'est dangereux.

Quiz

À quelques minutes seulement du centre-ville de Bakou, que trouve-t-on ?


Combien de familles vivent dans le bidonville près de la voie de chemin de fer ?


Quel est le seuil de pauvreté officiel en Azerbaïdjan ?


Note

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Avec sa petite retraite, une centaine d'euros par mois, Nayla n'a malheureusement pas les moyens de changer de logement. Ici, comme l'immeuble appartient aux autorités, elle ne paie pas de loyer. Une bien maigre consolation. Du coup, la grand-mère, comme la plupart de ses voisins, sont même devenus nostalgiques de l'époque soviétique et du collectivisme.

- On voit bien que le pays change, qu'il y a de belles constructions. Mais ça ne change pas pour nous. Dans mon quotidien, il n'y a rien qui change. Regardez la façade de notre immeuble, ils ont juste remis un coup de peinture, juste pour la vitrine. C'est dans cette pièce que nous dormons et que nous mangeons. On fait tout dans une pièce. À l'époque soviétique, on avait au moins une chambre séparée entre filles et garçons. Et aujourd'hui, au XXIe siècle, regardez dans quoi on dort. C'est insupportable.



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