Gaza : La culture de l'impunité persiste

Auteur: Sandrine | Publié: 25 Novembre 2023, 02:00
Gaza : La culture de l'impunité persiste

ACCÈS INTERDIT À GAZA : LA CULTURE DE L’IMPUNITÉ PERSISTE

Depuis le début du conflit entre le Hamas et Israël, la bande de Gaza vit des jours sombres. Dans cette enclave, la situation est catastrophique ; tout manque et les bombardements incessants de l'armée israélienne ne font qu'aggraver la situation. Mais au-delà de ces souffrances, c'est bien la question de l'impunité qui alimente ce conflit sans fin.

Johann Soufi, avocat français spécialisé dans les juridictions pénales internationales, témoigne de la gravité des crimes commis de part et d'autre. Selon lui, il y a eu une utilisation sans précédent des outils du droit pénal international dans ce conflit, notamment les notions de crime de guerre, de crime contre l'humanité et de génocide.

En Cisjordanie, un nettoyage ethnique au détail est en cours. Des villages sont vidés de leurs habitants et la population palestinienne est persécutée. De l'autre côté, à Gaza, les conditions de vie sont insupportables en raison du siège imposé par Israël. L'accès aux besoins humanitaires essentiels est restreint et la population est au bord de la catastrophe.

Pensez-vous que l'accès restreint à Gaza par les autorités israéliennes entrave l'indépendance des enquêtes sur les crimes commis ?


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Mais il est important de souligner que la qualification des crimes relève des tribunaux nationaux et internationaux. Seule une enquête impartiale pourra déterminer les crimes commis et leurs responsables. Toutefois, il est déjà certain que les attaques du Hamas et les opérations israéliennes à Gaza et en Cisjordanie constituent au minimum des crimes de guerre, voire d'autres crimes encore à définir par les juridictions internationales.

La Cour pénale internationale, par exemple, définit trois crimes principaux : les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide. Pour que justice soit rendue, il est primordial que les enquêteurs internationaux puissent accéder librement aux lieux des crimes pour recueillir les preuves nécessaires. Malheureusement, l'accès à Gaza est fortement restreint par les autorités israéliennes, ce qui entrave l'indépendance des enquêtes.

Cependant, même sans accès sur le terrain, des enquêtes peuvent être menées sur la base de documents et de témoignages. Des organisations internationales et des journalistes palestiniens, malgré les difficultés, rapportent les faits et les crimes commis. Grâce à ces preuves, la justice pénale internationale pourra un jour se saisir de ce conflit.

En conclusion, la culture de l'impunité doit cesser si l'on souhaite trouver une solution durable à ce conflit. La communauté internationale doit prendre conscience de l'importance de la justice pour instaurer la paix en Israël et en Palestine. Car il ne peut y avoir de paix sans justice.

Les défenseur⋅es des droits humains en danger de mort à Gaza

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) est extrêmement préoccupée par la sécurité des défenseur⋅es des droits humains dans la bande de Gaza. Pour la première fois de l'histoire, le personnel des organisations membres dans l'enclave est presque totalement inopérant : les violations des droits humains perpétrées actuellement ne peuvent pas être documentées, ce qui renforce le cycle de l'impunité pour les crimes internationaux. La FIDH appelle à un cessez-le-feu immédiat.

Lorsque les attaques de représailles d'Israël sur Gaza ont commencé en octobre dernier, les défenseur⋅es des droits humains à Gaza ont tenté d'accomplir leur mission comme dans toutes les guerres précédentes : documenter et signaler les violations des droits humains. Très rapidement l'ampleur du désastre a rendu cette tâche presque impossible. Après une semaine, l'effondrement et la destruction de Gaza les ont contraint⋅es à abandonner leur travail pour survivre.

Désormais l'immense majorité des défenseur⋅es des droits humains à Gaza ont subi des déplacements forcés, la destruction de leur habitation et tragiquement pour certain⋅es, la perte de proches. Comme les 2,2 millions d'autres Palestinien⋅nes vivant à Gaza, ces personnes sont privées de nourriture, d'eau et de médicaments, risquant leur vie en sortant à leur recherche. Du fait des coupures des télécommunications et de la pénurie d'électricité, tout contact avec l'extérieur est au mieux sporadique, ajoutant à l'incertitude entourant leur situation et les crimes non documentés de l'armée israélienne.

Les organisations membres de la FIDH ayant des bureaux à Gaza déclarent qu'elles sont dans l'impossibilité de s'assurer si leurs locaux ont été bombardés ou perquisitionnés. Ces refuges pour le respect des droits humains et de la dignité humaine, renfermant des informations sensibles sur les victimes des violations des droits humains et leurs auteurs, ont dû être abandonnés du jour au lendemain.

"Actuellement à Gaza sans cessez-le-feu, la force d'occupation israélienne bombarde aveuglément non seulement les civil⋅es et les objets civils, commettant des crimes internationaux, mais elle prive également des millions de personnes de leurs droits les plus fondamentaux. Les gens manquent de tous les biens de première nécessité, tels que la nourriture, l'eau potable et les médicaments. Leur droit à la vie, à la sécurité, aux soins et les droits de leurs enfants à l'éducation et au jeu, tout est compromis. Les défenseur⋅es des droits humains sont affectés comme tout le monde, ils et elles s'inquiètent pour leur vie, celle de leurs familles et de leurs enfants, et pour la première fois, ne peuvent pas rendre compte de ce qui se passe à part pour quelques témoignages fragmentés", a déclaré Diana Alzeer, vice-présidente de la FIDH et représentante d'Al-Haq.

"Comme cela a été démontré en Syrie et ailleurs, les défenseur⋅es des droits humains sont essentiel⋅les au processus d'établissement des responsabilités. Sachant cela, les régimes autoritaires harcèlent, condamnent, emprisonnent et parfois tuent les défenseur⋅es des droits humains. À Gaza, Israël les met à la rue, les bombarde, les affame et les déplace. La catastrophe humanitaire provoquée par Israël dans la bande de Gaza constitue un crime contre l'humanité en cours qui ne peut rester impuni", a déclaré Yosra Frawes, responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la FIDH.

Source : FIDH



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