Changement climatique : comment concevoir la forêt de demain ?
Alors que les discussions à la COP 28 à Dubaï peinent à trouver un accord sur les questions du changement climatique, l'adaptation de nos cultures à ce phénomène préoccupant est au cœur des débats. Cela inclut également notre forêt, essentielle dans la captation de dioxyde de carbone.
La France est un grand pays forestier avec près de 17 millions d'hectares en métropole, soit près de 31% du territoire métropolitain, et 8 millions en Guyane avec la forêt amazonienne. Pour les territoires, elles constituent de véritables atouts d’un point de vue économique, environnemental et sociétal. En France, la filière forêt-bois représente près de 400 000 emplois.
Pourtant, nos forêts sont en train de dépérir, et c'est la diversité qui pourrait les sauver. Dans cette forêt du Jura, on peut observer de nombreux sapins desséchés et presque sans branches. La mort des arbres est une réalité, et d'ici cinq ans, il n'y aura plus aucune chaîne sur cette parcelle. Cette situation n'est pas propre à cette région, car en seulement dix ans, la mortalité de nos forêts a augmenté de 80% au niveau national, en particulier dans le centre et le nord-est de la France.
Pensez-vous que la diversité des essences dans nos forêts françaises est essentielle pour faire face au changement climatique ?
La principale faiblesse de nos forêts réside dans l'homogénéité des arbres, de la même essence et du même âge, qui s'étendent sur des milliers d'hectares. Si un arbre tombe malade, c'est toute la forêt qui peut dépérir progressivement. Il est donc crucial d'intégrer de la diversité parcelle par parcelle.
Les forestiers nous emmènent dans ce qui pourrait s'apparenter à la forêt du futur, en Bourgogne. Depuis cinquante ans, chaque parcelle est gérée différemment, avec un mélange d'essences sur une dizaine d'hectares. Ainsi, on trouve un mélange de chênes, d'essences régionales et de désébles à feuilles d'orbier, qui sont plus résistantes aux sécheresses. Dans d'autres parcelles, on mélange les classes d'âge des arbres adultes et des jeunes pousses, afin d'assurer une relève en cas de mortalité des arbres adultes.
Les forestiers expérimentent également des îlots d'avenir, qui sont des laboratoires à ciel ouvert. Ils testent des espèces méridionales habituées aux sécheresses, comme les pins de Turquie. L'objectif est de créer une mosaïque de petites forêts distinctes, intégrant une dizaine de silvicultures différentes. En diversifiant les essences et les méthodes de gestion, on ralentit la progression des maladies, des incendies et du dépérissement global de nos forêts.
Cependant, pour que nos forêts françaises changent radicalement, il est nécessaire que toute la filière en aval se transforme. L'industrie doit être capable de couper du bois moins standardisé et de s'adapter à la diversité des forêts. Cela demande plus de temps, plus d'outillage et entraîne des coûts plus élevés pour les exploitants. Mais cela permettrait de préserver nos forêts et d'en faire des écosystèmes plus résistants et résilients face au changement climatique.
