Un vent de panique à Pétionville
En banlieue de Port-au-Prince, plusieurs corps sans vie ont été retrouvés lundi au détour des rues. Les habitants tentent de dénombrer les victimes. "J'étais sur ma moto, ils sont arrivés, ils ont commencé à tirer sur la station. Dieu merci, personne parmi nous n'est mort, il y a que des entreprises qui ont été touchées", témoigne un habitant. Ce n'est que ce matin, au réveil, qu'on a constaté le nombre de cadavres qu'il y a dans chaque coin. Un journaliste sur place a compté 14 dépouilles, et des habitants confirment en avoir vu une dizaine, sans pouvoir dire dans quelles circonstances ces personnes ont été tuées. Certains affirment que des bandits armés se terrent dans la zone depuis la matinée. "Il ne se passe rien de spécial, ils sont venus tout doucement dans leur voiture, sur des motos, avec leurs propres ambulances, puis ils ont massacré la population", raconte un témoin.
Une crise politique et humanitaire
Une crise politique et humanitaire sévit en Haïti depuis près d'un mois. Selon l'Unicef, les Haïtiens pris au piège par les violences souffrent de famine et de malnutrition. L'aide humanitaire est difficile à acheminer. La semaine dernière, l'ONU, les États-Unis et la communauté des Caraïbes ont chargé les partis politiques haïtiens de mettre en place une autorité transitoire lors d'une réunion d'urgence. Mais ces nominations tardent. Les observateurs internationaux espèrent que cette autorité de transition mènera le pays vers des élections libres et une sortie de crise. Cependant, plusieurs pays, dont les États-Unis et les États membres de l'Union européenne, ont préféré évacuer leur personnel diplomatique ces derniers jours.
Pensez-vous que la situation en Haïti nécessite une intervention internationale urgente ?
Une situation qui se détériore depuis l'assassinat du président
Depuis l’assassinat du dernier président en poste, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, les gangs en Haïti ont dramatiquement gagné en influence, jusqu’à contrôler environ 80% de la capitale, Port-au-Prince. Face à ceux-ci, la police haïtienne est peu nombreuse et mal équipée, et l’État est plus que jamais affaibli.
- Les populations civiles sont les premières victimes de ces criminels qui pillent, violent, tuent et gagnent de l’argent grâce au racket et aux rançons des enlèvements. Selon un rapport récent des Nations unies, près de 2 800 meurtres ont été dénombrés entre octobre 2022 et juin 2023.
- C’est dans ce contexte que le premier ministre haïtien, Ariel Henry, avait réclamé, à la tribune de l’ONU, en octobre 2022, une intervention sécuritaire en urgence. Presqu’un an après, le 2 octobre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement donné son accord. Le Kenya, qui s’est porté volontaire, prendra la tête de la mission.
- Dans cette vidéo, nous revenons sur les liens troubles qu’a historiquement entretenu une partie de la classe politique haïtienne avec les groupes armés pour se maintenir au pouvoir. Et ce, particulièrement depuis les années 1950, avec la dictature des Duvalier. Nous expliquons aussi les facteurs plus récents qui ont participé à créer en Haïti un terrain propice pour ces criminels.
Une crise qui a des répercussions humanitaires et politiques de plus en plus graves en Haïti. Les violences généralisées ont plongé la population dans la famine et la malnutrition, avec une aide humanitaire difficile à acheminer. L'ONU, les États-Unis et la communauté des Caraïbes ont récemment appelé les partis politiques haïtiens à mettre en place une autorité transitoire pour tenter de sortir de cette situation. Cependant, les nominations tardent et certains pays ont préféré évacuer leur personnel diplomatique face à l'instabilité grandissante.
